Biographie Dr. Fatou Sow
FATOU SOW, sociologue sénégalaise, retrace son parcours de recherche en l’éclairant d’analyses de son champ scientifique
Fatou Sow a suivi des études supérieures en sociologie et philosophie à l’Université de Dakar, au début des années 1960. Elle entre au CNRS, en 1966, où elle a mené toute sa carrière de sociologue. À ce titre, elle a d’abord été en poste à la Faculté des Lettres, puis à l’IFAN de l’Université de Dakar (1970-1998) ; elle a ensuite été rattachée au Laboratoire SEDET de l’Université Paris Diderot, jusqu’en 2007. Elle a soutenu un doctorat IIIème cycle de sociologie sur les élites administratives sénégalaises à l’université Paris-Sorbonne, paru sous le titre Les fonctionnaires de l’administration sénégalaise (IFAN 1972) ; puis une Habilitation à diriger des recherches en sociologie à l’Université Paris Diderot.
Les premières recherches de Fatou Sow ont porté sur divers aspects de la sociologie africaine (État et administration, urbanisation, éducation, migration, gestion de l’environnement et des ressources naturelles, sexualité et santé de la reproduction, etc.). Elle s’est progressivement spécialisée, à partir des années 1980-1990, en études des femmes et genre dans les cultures africaines. Elle s’est attachée à enraciner une critique féministe des sciences sociales en Afrique.
Ses échanges scientifiques, dans les années 1980, avec des Women Studies en Amérique du Nord et des organisations féministes des pays du Sud ont marqué un tournant significatif dans son cheminement scientifique. Dès 1988, elle introduit le premier enseignement sur les femmes, la sociologie de la famille et des rapports sociaux de sexe, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD). Elle y organise, en 1999, le 2ème colloque de la recherche féministe francophone, dont les actes ont été publiés sous le titre La recherche féministe francophone. Langue, identités et enjeux (Karthala, 2009).
Au Sénégal, elle a contribué à plusieurs travaux sur les femmes dont : Femmes sénégalaises à l’horizon 2015, Fatou Sow et Mamadou Diouf (éds), ministère de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, The Population Council, Dakar, Imprimerie St Paul, 1993 ; Les Sénégalaises en chiffres : étude sur les données socio-économique relatives aux femmes, Fatou Sow et Mamadou Matar Guèye (éds ), Dakar, PNUD, 2000. La place des femmes y prend une importance significative, car cette place est une question politique.
Parallèlement à ses activités de recherche et d’enseignement, elle a contribué à la création, comme membre du Comité scientifique, en 1994, d’un Institut annuel sur le genre au Conseil pour le développement des sciences sociales en Afrique (CODESRIA). Elle y a co-édité avec Ayesha M. Imam et Amina Mama, l’ouvrage Engendering African Social Sciences (CODESRIA, 1997), publié en français sous le titre Sexe, genre et société, Engendrer les sciences sociales africaines (Karthala, 2004). Cet institut fonctionne toujours et publie une série intitulée Gender Series. Elle y a dirigé la publication de deux numéros de « Africa Development / Afrique et développement » du CODESRIA, Dakar : Revisiter le genre /Gender revisited (Vol. XXIII, No. 3, 1998) et en codirection avec Ndèye Sokhna Guèye, Genre et dynamiques socio-économiques et politiques en Afrique (2011). Responsable d’un programme de l’Institut sur « Culture, religion et politique » en 2011, elle en publie les travaux Genre et Fondamentalismes (2018).
Fatou Sow a également développé des relations scientifiques (enseignements, conférences, publications) avec plusieurs universités, centres de recherches et organisations féministes, au niveau africain et international.
En France, elle a, notamment, co-dirigé Le sexe de la mondialisation. Genre, classe, race et nouvelle division du travail, J. Falquet, H. Hirata, D. Kergoat, B. Labari, N. Le Feuvre et F. Sow. Les Presses de Sciences Po, 2010 ; Politique, esthétique et féminisme, Isabelle Lacoue-Labarthe et Fatou Sow (éds), Revue Tumultes, N° 37, Paris, Éditions Kimé, 2011. Elle a contribué à l’ouvrage : Les Féminismes. Une histoire mondiale 19ème – 20ème siècles, sous la direction de Yannick Ripa et Françoise Thébaud.
Présidente du Réseau de recherche en santé de la reproduction en Afrique francophone (Dakar, 1994-1996), elle a dirigé, avec Codou Bop, Notre corps, notre santé. Santé et sexualité des femmes en Afrique subsaharienne (L’Harmattan, 2004), un ouvrage de vulgarisation inspiré du fameux Our Bodies, Ourselves, du Collectif de Boston (USA). Une réédition de l’ouvrage est en cours.
Membre de DAWN (Development Alternatives for Women in a New Era), un réseau de féministes du Sud dont les recherches ont servi au lobbying auprès des institutions internationales, en 1994, elle en a été la coordinatrice pour l’Afrique francophone pendant une quinzaine d’années. Elle est actuellement Présidente du Board of Trustees. Elle a dirigé la traduction en français de plusieurs publications de DAWN dont La marchandisation de la gouvernance, version française de Marketisation of Governance, Viviene Taylor (éd), édité de l’anglais par Fatou Sow, Paris, DAWN-l’Harmattan (2002). Elle a contribué à l’ouvrage, The Remaking of Social Contracts. Feminists in a Fierce New World, G. Sen et M. Durano (éd.) (Zed Books 2014).
Retraitée de l’Université, elle a assuré, de 2008 à 2017, la coordination du réseau de recherche Women Living Under Muslim Laws (WLUML), implanté en Asie, Afrique et Moyen-Orient, dont le siège est à Londres. Dans cette position, elle a participé aux débats, plaidoyers er publications autour de l’impact des lois dites musulmanes sur les femmes vivant en contexte musulman. Elle a collaboré avec Codou Bop et une équipe de féministes sénégalaises et africaines à la mise en place du GREFELS dirigé par Codou Bop, organisant plusieurs recherches et séminaires de formation sur des questions afférant aux rapports entre femmes, culture, religion et politique.
Fatou Sow a obtenu plusieurs distinctions académiques :
Docteur Honoris Causa de l’Université de Toronto, Canada, 1992.
Professeure honoraire de l’Institut Supérieur de Management, Dakar, Sénégal, 2000.
Docteur Honoris Causa de l’Université d’Ottawa, Canada, 2002.
Docteur Honoris Causa de l’Université de Bayreuth, Allemagne, 2021.