CINEFEMFEST a pour thème ‘Héritages’ en ce sens qu’il célèbre l’oeuvre des cinéastes sénégalaises feues Safi Faye et Khady Sylla, des pionnières du cinéma africain. Le festival, qui commencera le matin du 16 juin et se terminera le 18 juin vers 19 heures, et fera un zoom sur l’œuvre gigantesque de ces deux cinéastes au talent immense, qui sont encore très peu connues malgré leur filmographie phénoménale et qui constitue un riche héritage pour les féministes africaines. Le symposium-festival CINEFEMFEST comprendra des projections de films et sera ponctué par des panels et discussions sur l’œuvre de ces deux auteures. L’évènement se tient sur l’île de Gorée. Nous espérons pouvoir compter sur votre présence et sur votre contribution pour faire de ce festival un grand moment d’échanges et de partage autour du cinéma fait et vu par des féministes.
Khady Sylla et Safi Faye, ces noms devraient résonner dans notre imaginaire collectif pour être des pionniers du cinéma africain. De par leur travail, leur métier et leur vie, elles sont une source d’inspiration pour les jeunes chercheuses féministes comme nous. Elles portent le flambeau des femmes en avance sur leur temps, destinées à être des muses (égéries). Le fardeau était trop lourd ! Elles ne l’ont pas transmis aux générations suivantes de femmes cinéastes, à cause des déboires structurels inhérents à la production cinématographique et dans le cas de Khady Sylla, d’un décès prématuré. Nous restons donc affamés, aspirant aux possibilités de ce qui aurait dû être. Ou ce qui aurait pu être, s’ils étaient célébrés de la même manière que le très (monstrueusement?) talentueux et justement célèbre Ousmane Sembene.
Safi Faye a en tout réalisé treize films : La Passante (1972), Revanche (1973), Kaddu Beykat (Lettre paysanne) (1975), Fad’jal Goob na nu (La Récolte est finie) (1979), Man Sa Yay (1980), Les Âmes au soleil (1981), Selbé et tant d’autres (1982), 3 ans 5 mois (1983), Ambassades Nourricières (1984), Racines noires (1985), Tesito (1989), Tournage Mossane (1990) et Mossane (1996).
Dans sa mise en scène, Khady Sylla jongle avec les mots, s’y accroche, ils la maintiennent en vie. La première œuvre de Khady, ‘Les Bijoux (1998), documente une crise familiale. Dans Colobane Express (1999), elle capture l’expérience du transport urbain, mettant en scène un chauffeur de Car Rapide (voiture publique) et son apprenti. Son dernier film, Le Monologue de la Muette (2008) met en lumière la condition des travailleuses domestiques. Auparavant, Khady Sylla a publié un superbe roman aux éditions L’Harmattan : le Jeu de la Mer (1992).
Rama & team
Khady Sylla, écrivaine d’origine sénégalaise, a joué un rôle important dans le développement du cinéma africain contemporain et a été reconnue pour son engagement en faveur des droits des femmes.
Après son baccalauréat à Dakar, Khady Sylla s’installe à Paris pour y suivre des études supérieures de commerce. Elle arrête rapidement les cours et entre en Hypokhâgne (Classes préparatoires littéraires), puis prépare et obtient une licence en philosophie. Elle met fin à ses études et mène sa vie dans un milieu de jeunes gens et de jeunes filles qui s’intéressaient à l’art : stylisme, musique… Elle y découvre alors son goût pour l’écriture. À la suite de la mort de sa grand-mère, elle commence à écrire : « J’ai pensé qu’en écrivant sur elle, je parviendrais à faire survivre quelque chose, que j’arriverais à la faire sortir de ce qui pour moi était un anéantissement ». Elle produit ainsi sa première nouvelle, L’Univers, qui n’a jamais été publiée. Elle continue d’écrire au jour le jour, toujours reliée par l’inspiration à Dakar, sa ville natale, « devenue, une sorte de ville mythique du fait de mon exil.
En 2005, elle remporte la récompense du meilleur premier prix au Festival international du documentaire (FID) de Marseille, pour son film Une fenêtre ouverte.
Elle fut malheureusement décédée le 08 octobre 2013 dans sa ville natale (Dakar), laissant derrière elle un héritage important dans la littérature africaine. Son travail continue aujourd’hui d’inspirer et d’influencer de nombreux artistes et cinéastes en Afrique.
Safi Faye, une figure majeure du cinéma africain, était une grande réalisatrice et ethnologue sénégalaise, née le 22 Novembre 1943 à Dakar et décédée le 22 Février 2023 à Paris. Diplômée de l’Ecole Normale de Rufisque (Sénégal), elle a suivi des études d’ethnologie à l’EHESS (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris). Elle soutient en 1979 un doctorat de 3e cycle sur la religion des Sérères. Elle a étudié le cinéma à l’école Louis Lumière (France) en 1979-1980.
Elle était considérée comme l’une des pionnières du cinéma africain, et a abordé tout au long de sa carrière des thèmes tels que la culture africaine, les réalités de son pays et aussi la condition des femmes.
Safi Faye fut la première femme réalisatrice sénégalaise à avoir réalisé un long métrage de fiction intitulé “Kaddu Beykat” en 1975 qui a été reconnu à l’international mais qui a surtout donné aux autres femmes africaines l’opportunité de s’engager dans le domaine du cinéma.
Son travail se caractérisait par un mélange de réalisme et de poésie, capturant les coutumes et les traditions de la société sénégalaise.
Ses œuvres ont été largement reconnues et très honorées. Elle a reçu de nombreux prix et distinctions dont le prix du meilleur premier Film au Festival de Cannes en 1976 pour “Kaddu Beykat”.
Safi Faye, a été d’une grande importance dans le cinéma africain.